Fruit d’apprentissages et d’expériences, manager n’est pas inné : c’est un métier. Alors que les préoccupations sur la qualité de vie au travail sont de plus en plus prégnantes, quatre regards nous livrent leur point de vue sur cet enjeu.
Management et qualité de vie au travail
L’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) a récemment édité un livre blanc sur des initiatives pour apprendre à manager le travail. Son Directeur général, Richard Abadie, et Florence Chappert, responsable de la priorité "Faire école", nous livrent quelques réflexions sur le lien entre management et qualité de vie au travail.
La qualité de vie au travail (QVT) est un enjeu majeur non seulement pour répondre aux attentes et besoins des collaborateurs, mais aussi pour accompagner les transformations du travail et viser la performance à la fois économique et sociale des organisations. Quel est le rôle des managers, et comment peuvent-ils améliorer la QVT pour leurs collaborateurs comme pour eux-mêmes ?
Acquérir des savoir-faire
Le savoir-être est indispensable pour bien manager : posture d’écoute, bienveillance, assertivité… Cependant, les apprentissages sur la posture doivent être complétés par la capacité à agir concrètement, et ce sur 4 registres d’activités du manager : conduite des changements, construction d’équipes de travail au-delà des relations individuelles collaborateur/manager, soutien des équilibres collectif/individuel et travail/hors-travail, mise en place de situations de travail apprenantes. Les savoir-faire managériaux peuvent s’acquérir, grâce à la formation à partir de situations-problèmes, et aux groupes d’échanges et d’analyse des pratiques.
La clé d’une bonne perception de la QVT
Même en présence d’un cadre satisfaisant en termes matériels et organisationnels, l’influence du management est centrale dans la perception de la QVT par les personnels. Le recueil de cette perception est donc indispensable pour analyser et trouver des leviers (conduite du changement, répartition des tâches et équilibre de la charge de travail, sens du travail et des changements, espaces de discussion sur le travail…). Ici intervient toute la compétence du manager : comprendre pour trouver ou expérimenter des solutions avec les salariés, afin d’atteindre ses objectifs de performance.
La QVT, condition indispensable à la performance
La performance peut se traduire par de nombreux objectifs chiffrés, mais elle est aussi constituée par des indicateurs moins évidents, comme attirer et retenir les meilleurs profils par exemple. Cet enjeu est d’autant plus fort chez les futurs ou tout jeunes managers. Formidable levier, apprendre à manager le travail et ainsi améliorer la QVT est créateur de valeur – pour les femmes et pour les hommes comme pour l’organisation.
Lire le webinar dédié à la formation continue des managers
3 questions à : Gaël Alain, docteur en Psychologie Cognitive
Quel lien existe-t- il entre management et qualité de vie au travail (QVT) ?
Le manager, par son activité de gestion et d’organisation du travail, est la personne qui temporise et donne du sens au travail ; c’est lui peut instituer les règles favorisant le bien-être, notamment, en garantissant l’efficience cognitive des collaborateurs. Les managers doivent avoir conscience que leurs objectifs seront d’autant plus facilement atteints que l’écologie mentale de leur équipe est bonne.
Pourquoi le souci de la QVT est-il particulièrement présent aujourd’hui ?
Nous fonctionnons avec un cerveau certes très performant, mais qui n’est pas fait pour traiter de la multi-activité. Son fonctionnement est séquentiel et facilité par des tâches comportant un début et une fin. Le problème, à l’aire du numérique est que le flux d’informations ne s’arrête jamais et provoque, en plus, d’innombrables interruptions qui fatiguent le cerveau. Cette fatigue est d’autant plus mal vécue qu’elle est associée à une moindre performance.
Quelles pistes pour favoriser une meilleure QVT ?
Mieux prendre en considération l’impact des locaux, de la culture managériale et des comportements individuels sur la performance intellectuelle en renforçant les possibilités de concentration et de régénération du cerveau au travail.
Tout repose sur l’épanouissement
Marc Messerli, Directeur général d’Opure du groupe Etchart, a occupé plusieurs postes à responsabilités – chez Airbus et Suez – qui ont affiné sa conception du management, facteur essentiel pour lui de la qualité de vie au travail.
Autant que faire se peut, l’environnement doit s’adapter à l’individu. Il faut donner du sens au travail : pendant un an, nous avons réfléchi à notre développement, à ce que nous voulions faire. Notre politique managériale est fondée sur le dialogue et la transparence ; nous impliquons les salariés dans notre démarche, nous donnons la direction, le cadre et les priorités et nous encourageons en même temps les initiatives qui vont dans cette direction. Puis nous les accompagnons et leur donnons les moyens pour qu’ils réalisent leurs missions. La formation, qui permet d’évoluer personnellement et professionnellement, est aussi primordiale. Tout repose sur l’épanouissement des individus au profit d’un objectif commun : c’est autant respecter et faire progresser la personne que permettre à l’entreprise d’être performante collectivement.