Lors de la plénière d’ouverture de Cité Cap, nous sommes toutes et tous invité-e-s à prendre de la hauteur. Ce vendredi matin, à Carcassonne, sont abordés les grandes problématiques de vie et les grands enjeux actuels : retour aux sources, changement climatique, préservation des ressources, alimentation, accroissement de la population, accueil des migrants, innovation, protection des océans, etc. Autant de transformations économiques, sociales et environnementales qui influent sur notre façon de manager. Yannick Roudaut, ancien journaliste économique et financier, nous guide sur ce long chemin de transformation, avec l’aide de quatre précieux témoins dont on se souviendra longtemps. Écoutez-les !
3ème témoin : Guillaume Capelle
Des projets pour la société avec des personnes réfugiées
Guillaume Capelle a cofondé SINGA en 2012, alors qu’il n’avait que 24 ans. Cette entreprise crée de l’innovation autour de la situation la plus difficile qui soit : celle de devoir quitter son pays, parfois sa famille, de connaître le deuil et de devoir tout réapprendre… Il nous raconte comment il a fait de son indignation une innovation.
« Avant, j’écrivais des rapports sur les droits de l’Homme pour une ONG. Un soir, je me suis rendu compte qu’on apprenait beaucoup plus de choses en mangeant, en buvant ou en faisant du sport avec les autres… Peu de temps après, j’ai visité un centre de rétention aux États-Unis. J’ai joué au poker avec des migrants qui auraient pu être mes petits frères et qui étaient enfermés dans une prison, entourée de barbelés de 3,5 mètres de haut ! Ça a été mon premier déclic. J’ai eu un second déclic quand j’ai rencontré un entrepreneur irakien, ancien distilleur et migrant... Face à lui, je me suis demandé comment je pourrais l’aider alors qu’il était bien plus fort que moi ! C’est ainsi qu’est née SINGA. Au début de l’histoire, nous étions 10 étudiants à vouloir aider 10 migrants. Mais nous avons à nouveau instauré une relation verticale avec eux. Il a fallu tout décloisonner, tout déverrouiller… Nous avons alors essayé de réunir les gens autour de passions communes (le cinéma, le yoga, etc.). Ensuite, nous avons créé CALM (Comme à la maison), programme qui vise à connecter des personnes réfugiées avec des particuliers disposant d’une chambre pour les accueillir. En deux mois, il y a eu 12 000 inscriptions ! Côté entreprises, nous avons créé un incubateur, FINKELA, qui accompagne des porteurs de projets réfugiés et non réfugiés. Les objectifs ? Favoriser le vivre-ensemble et déployer le potentiel de l’économie de l’asile. 130 entreprises ont été ainsi créées et, au bout de deux ans, 30 % d’entre elles peuvent tourner toutes seules. »
« Aujourd’hui, SINGA, c’est 70 collaborateurs, une présence dans 7 pays et 17 villes. Concernant le management et notre organisation, nous travaillons tous à l’horizontal. Nous utilisons la messagerie d’équipe Slack. Via cette messagerie, je peux, par exemple, être directement challengé par un stagiaire qui travaille à Berlin. Parfois, c’est un peu violent, mais c’est passionnant ! Il faut savoir accepter la remise en question. Tous nos collaborateurs sont très investis. Nous avons la culture du partage : quand une innovation est créée, nous communiquons l’info partout. Nous allons prochainement ouvrir une antenne à Barcelone et à Nantes, nous ne partirons pas de zéro. Demain, j’accepterais que quelqu’un du réseau me dise : « Il faut que tu t’en ailles ». En attendant, j’essaie d’apporter le maximum. Je n’ai de toute façon pas le droit de faire péricliter SINGA pour une affaire d’ego, simplement parce que j’ai envie qu’on me présente comme le DG de la boîte ! »
ARTICLE RÉDIGÉ PAR CÉCILE ROGER