Comment se motiver en tant que manager et motiver son équipe ?

Océane - Je pense d’emblée à la créativité dans mon métier, et ça se nourrit. Nos collaborateurs portent leurs projets de A à Z pour rester motivés, mais ils peuvent bien sûr bénéficier d’aide si besoin sur les compétences sur lesquelles ils sont le moins aisés. On les a aussi questionné sur quel projet les motivait le plus.

Julien - Garder la motivation c’est aussi pouvoir accéder à une montée en compétence, varier les tâches.

Félicien - Ça m’évoque performance et bienveillance, et don de sens. Accompagner les équipes à progresser sur les gestes techniques et qu’ils en soient fiers. La motivation sur un projet, ça inclut un passage de témoin travaillé car nous sommes sur des projets longs, il y a parfois 18 mois entre le début du projet et la livraison des clés. Pour moi, le manager qui se contente d’envoyer son tableau Excel de suivi, il n’a fait que la moitié du travail, on a besoin d’oralité et d’explication dans la passation.

Océane - Alors qu’on recrutait un CDD, nous avons reçu un candidat très stressé, il était face à nous qui sommes les 3 associés. On a tenté un peu d’humour pour le déstresser et il s’est révélé. Il n’était pas celui le plus expérimenté pour le poste, mais on a identifié chez lui qu’il savait et qu’il voulait sortir de sa zone de confort contrairement aux autres candidats. C’est aussi cette soif et ce potentiel d’apprentissage qui peut compter comme motivation lors d’un recrutement. Il est parti d’une vulnérabilité, et l’a transformé en force en restant humble.

Julien - Pour moi ça passe par l’esprit d'initiative, être force de proposition. 

Félicien - On a eu un candidat dont le recrutement s’est très bien passé, très motivé. Une fois en poste, il s’est révélé très critique et dans la remise en question, on a ressenti un décalage. Depuis, on a eu un autre recrutement et on a demandé au nouvel embauché un rapport d’étonnement pour prendre en compte ses constats et préconisations, il a eu une meilleure motivation car on l’a consulté. La motivation, c’est une affaire de méthode et de vision.

Océane- Je me définirai comme expérimentatrice, exigeante et bienveillante.

Félicien - Dans une précédente expérience, j’étais aux côtés de traders et dans l’entreprise, la motivation était associée à la performance. Aujourd’hui, j’essaie d’être plus sur le versant humain, quand je demande à mes équipes comment ils vont, c’est sincère et j’attends leur réponse.

Julien - Je suis quelqu’un d’engagé et de battant.

Félicien - C’est ce qui crée le mouvement, je dis souvent que “la différence c’est une chance”, c’est générateur d’énergie : certains sont dans la réflexion d’autres très inventifs. On a besoin des deux. En tous cas, c’est important de poser le cadre, temporel notamment. Cela peut être en distribuant la parole lors des comités de pilotage par exemple, car certains sont volubiles et prennent de l’espace et souvent la parole au détriment de d’autres. C’est aussi une chance car celui l’énergie n’est pas la même d’un jour à l’autre et au-délà de ça, l'énergie de la personne discrète et calme va être précieuse à traverser ce moment.

Julien - Ça nous est arrivé d’avoir un nouveau collaborateur très motivé, engagé dans et à l’extérieur de l’entreprise. On s’est rendu compte qu’il faisait le minimum car très passionné par son engagement de sapeur pompier à côté.

Océane - J’ai déjà eu des stagiaires déclarant être très motivés en entretien, mais la curiosité se fait moins sentir une fois en poste pour certains. On insiste désormais sur le “pourquoi travailler dans notre entreprise et pas une autre”. C’est le rôle du manager d’accompagner le collaborateur à identifier ses blocages y compris d’ordre motivationnels. Il peut arriver que certains réalisent que leur métier ne leur correspond pas. On doit aider à identifier pourquoi il y a une baisse de motivation dans tous les cas.

Félicien - L’horaire de débauche est un bon indicateur, si systématiquement il quitte son poste avant l’heure. La première chose à faire par le manager est d’ouvrir un espace de parole, savoir pourquoi si c’est d’ordre personnel ou professionnel. Si c’est professionnel : on creuse en terme d’organisation et de projets qui pourraient le motiver.

Julien - J’avais un collaborateur moins motivé, il avait un projet personnel de construction de maison chronophage. En entretien annuel, il me l’a dit et pour moi c’est notre rôle de manager de savoir être agile et je préfère lui donner ce temps-là plutôt qu’il le fasse en cachette pour une meilleure organisation et moins de stress.

Océane - Le bonjour du matin permet de jauger les émotions des uns des autres. Si on observe une régularité, que sur plusieurs matins la personne est dans la même énergie basse, on peut proposer le temps d’un café d’en parler voir de retirer temporairement certaines tâches à un collaborateur qui vient d’avoir un bébé.

Tout à fait, ce souvenir est bien ancré. Ça fait 6 mois que j’ai repris l’entreprise, je fais des insomnies et je gère des problèmes de trésorerie, je viens d’être convoqué au tribunal pour un accident du travail dans l’entreprise et un début d’incendie dans l’entreprise à gérer. Lors de mon changement professionnel, mon épouse m’a toujours suivi et ce jour là où je suis incapable de bouger, elle s’organise pour rester à mes côtés. J’ai aussi 2 personnes de confiance que j’ai pu appeler, la tenir au courant et elle m’a écouté. J’ai repris le livre des 4 accords Toltèques et ça m’a permis de repartir mais c’était juste. D’où l’intérêt de prendre soin de soi. Tout simplement s’hydrater, manger équilibré, de s’autoriser 1 fois par semaine à mettre le réveil 30 minutes plus tard pour bien dormir, et de prendre 1 soir par semaine une activité type yoga. C’est un engagement que j’ai pris avec moi-même et qui m’a aidé.

• que ta parole soit impeccable
• ne pas en faire une affaire personnelle
• faites toujours de votre mieux
• ne pas faire de supposition

Océane - Quand on dit “Ne pas faire de supposition”, effectivement quand on a un client qui nous appelle très énervé pour un problème, on fait parfois tampon mais on prend du recul en écoutant la version de l’artisan et la version du client.

Julien - Je rejoins Félicien sur le fait de prendre du temps pour soi. Je me lève en même temps que mon fils, très tôt vers 6h30 pour prendre du temps avec lui deux fois par semaine. Je les récupère aussi parfois en sortie d’école et c’est mon temps à moi. Il y a parfois des projets qui n’ont pas abouti et ma femme m’a aidé à redéfinir qu’est-ce qui était intéressant dans le projet, et arriver à trouver ses temps où on reprend de l’énergie.

Océane - Si on réalise qu’on a une baisse de motivation, c’est important de le réaliser car cela peut se transmettre à l’équipe qui va se rendre compte de nos émotions et faire éponge. Il faut savoir s’isoler quand c’est nécessaire pour éviter cette propagation, elle peut être partagée mais pas de manière systématique et trouver d’autres espaces ailleurs.

Félicien - C’est une preuve d’humilité que de se rendre compte que c’est pour tout le monde pareil. Les baisses de motivation sont naturelles. Si les périodes plus calmes s’installent et deviennent longues, c’est une alerte. J’ai toujours cette citation dans mon bureau “La vie est comme une bicyclette, pour garder l'équilibre, il faut avancer.” d’Einstein.

Julien - Au moment du COVID on a eu peur car 90% de l’activité s’est stoppée, comme d’autres. Mais d’où la question : comment garder les personnes motivées quand l’entreprise est à l’arrêt, en l’occurence en temps de pandémie ? On s’est concentré sur quoi faire demain, un projet collectif, en rassemblant toute l’entreprise.

Océane - Il y aura toujours des réfractaires mais quand on veut lancer un nouveau projet, la motivation ça se fabrique. De mon côté c’est des temps de ressourcement : lecture, nature… Selon mon énergie sociale aussi. Et pour la motivation dans mon équipe, c’est d’échanger sur les projets en cours, de donner des compliments.